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Grands Lacs: Les Racines de la Guerre

Updated: Oct 10, 2021


Si, selon la maxime bien connue, on ne sait jamais comment finit une guerre qu'on a commencée, le pire est sans doute de ne pas savoir comment une telle guerre commence.


Le KONGO, aujourd'hui classée comme neuvième armée du continent, est légitimement et moralement fondé de mener une guerre juste contre le petit Rwanda qui a semé mort et désolation sur son territoire au cours de la trentaine d'années passée. Les déclarations récentes de MUZITO dans ce sens fédèrent les aspirations profondes d'un peuple longtemps confiné dans la situation d'un funambule portant sur lui les œufs de l'intégrité de son territoire menacé par les parrains invisibles des voisins. Des voisins, certes, militairement et économiquement insignifiants, mais politiquement extrêmement nuisibles.


La mise sous tutelle administrative du Rwanda sur une période prolongée par les forces armées de la RDC est un incontournable pour la pacification et la stabilisation des Grands Lacs. En effet, une telle stabilisation et une telle pacification passent, à notre sens, par la création d'une nouvelle citoyenneté au Rwanda suivant le modèle républicain de la RDC. Un modèle dépouillé de tous les antagonismes à la fois toxiques et volatils entretenus tout le long du siècle dernier au Rwanda.


La question ethnique a souvent été présentée comme la cause des tueries répétitives qu'ont connues le Rwanda et le Burundi. Or rien n'est plus faux. Il n'existent au Rwanda, ni langue Tutsi, ni langue Hutu. Il n'existe ni terre Tutsi ni Terre Hutu. Il n'existe ni même phénotype Hutu ni phénotype Tutsi.


James Kaberebe, ancien ministre de la défense du Rwanda. Exfiltré en 1998 de la RDC grâce à l'intervention américaine après l'échec de son attaque et sa capture par les FARDC. Tutsi, il présente un phénotype bantu.

De même la question économique a souvent été évoquée pour expliquer la cause de la prédation des multinationales occidentales susmentionnées sur le sol du KONGO. C'est également faux. Si le pillage occidental était la cause première du chaos, ce ne sont pas des médiocres et des corrompus qui manquaient en RDC pour obliger les anglo-saxons à recourir à la soldatesque Tutsi du Rwanda.


S'engager dans une guerre avec des prémisses aussi fondamentalement fausses est l'assurance des lendemains incertains d'une guerre peut-être sans fin.


La RDC est engagée de fait depuis des siècles dans une guerre ancienne qui ne dit pas son nom. Une guerre proxy entre deux puissances occidentales que l'on peut remonter à leur premier affrontement sur le continent. Lors de la campagne d'Égypte des guerres napoléoniennes.


À la suite de la révolution française de 1789, deux modèles philosophiques s'affrontent. Il y a d'une part le modèle républicain révolutionnaire, égalitaire, libéral et même libertaire de la France, inspirée des lumières. D'autre part, le modèle royaliste soutenu par l'Angleterre. Il est élitiste et motivé par les privilèges d'une minorité sur les droits des Britanniques abrutis dans un obscurantisme systémique. Montesquieu soutient à cet effet que la fonction monarchique en Angleterre a pour but de transmettre à la populace sa noblesse par influence. Suivant sans doute les idées de Socrate détaillées dans la République de Platon qui établissent un lien entre le niveau d'illumination de la cité et celui de sa tête. En effet, après sa première expérience républicaine, l'Angleterre a dû se rendre à l'évidence de son incapacité à organiser un système démocratique du fait de l'inculture et de l'arriération de ses masses populaires. Elle a dû restaurer une monarchie tout en prenant soin de l'encadrer strictement. Notamment par les puissances financières. Celles qui trônent aujourd'hui à la fameuse City.



Si cet affrontement philosophique se déploie sur le plan des idées, il se déroule aussi de manière concrète sur les champs de bataille. Et la campagne d'Égypte a ceci de particulier qu'avec l'armada des savants qui accompagnent Napoléon, elle est le fondement de la consolidation philosophique du modèle républicain que le futur Premier consul puis empereur répandra dans l'ensemble des pays de l'Europe continentale.


En plus de la modernisation de l'État et de son administration, un exemple de ce modelage européen est sans doute l'adoption du code civil qui a changé la face du monde. Ce code civil, dit napoléon par la suite, s'inspire du droit romain qui lui même est incontestablement d'essence égyptienne. Il est réclamé par les révolutionnaires dès 1789. Il est le point singulier d'achoppement entre le monde latin et le monde anglo-saxon qui recourt à un système légal archaïque. Le système de la common law en pratique aujourd'hui dans les pays d'obédience anglaise, contrairement au système plus formaliste du droit civil, repose sur un bricolage des jugements qui créent leur propre légalité. Sa flexibilité semble être l'outil idéal pour les tyrans. Notamment dans leurs entreprises impérialistes pour lesquelles une légalité à géométrie variable semble être la plus indiquée pour asseoir les idéaux d'un système. À titre d'exemple, il est beaucoup plus accommodant avec la common law anglo-saxonne de ravir des terres à des autochtones en Amérique et de se retrancher dans les méandres obscurs de ce système légal pour ériger ensuite des cours et tribunaux sur des terres ouvertement dérobées. Parce qu'on a convenu entre temps de l'érection d'une doctrine taillée sur mesure. Celle du dol positif... Là où le droit romain permettrait a contrario de soulever l'illicéité de tels cours et tribunaux par la seule évocation d'un de ses principes sans même recourir à la connaissance d'une loi expressément articulée. «Fraus omnia corrumpit», la fraude corrompt tout.



Cette philosophie légale comme toutes les autres questions idéologiques, on le voit, est à n'en point douter au cœur de l'entreprise impérialiste anglaise. Aujourd'hui, pour les observateurs avertis, elle est probablement la cause même de la sortie de l'Angleterre de l'Union européenne. Dans l'optique d'une attaque prochaine de cette dernière contre le système des trusts. Ces tours imprenables de la finance fondées sur le droit anglo-saxon qui permet depuis des siècles aux puissants et aux têtes couronnées de mettre efficacement à l'abri leurs possessions et autres butins de guerre héréditaires.


L'égalité des droits dans le système républicain, l'institution des privilèges de naissance dans la monarchie, sont les piliers de deux mondes respectifs. La servitude féodale aujourd'hui encore en cours en Angleterre est étrangement implémentée au Rwanda depuis le 15 ème siècle sous le nom tropicalisé de l'Ubuhake.


L'Ubuhake est le lien de servage qui lie le Hutu à son Tusi. Le premier, agriculteur, est considéré comme le serf. Tandis que le dernier, éleveur, se présente comme le seigneur. À l'origine, ce système inclut tous les phénotypes de manière indifférente. C'est avec l'arrivée des occupants allemands, qui sont les premiers blancs à mettre leurs pieds dans le pays en 1898, qu'une association entre le phénotype caucasoïde, présenté comme hamite, et le seigneur Tutsi est rendue systématique. Cette association est faite suivant les théories racistes élaborées à divers époques autant par les anglais que par les lumières dévoyées de France, après notamment la restauration de l'esclavage par Napoléon. Des théories elles mêmes inspirées par le clergé depuis 1454 par sa tristement célèbre bulle papale Romanus pontifex. Pour les besoins de leurs empires respectifs.



Ces théories racistes ont pour objectif d'octroyer au phénotype caucasoîde, proche du blanc, la paternité du raffinement d'une société qui se trouve localisée dans une région englobant les sources du Nil. La région des Grands Lacs, porteuse de ces sources, est vue comme l'origine de la civilisation égyptienne.


L'Égypte et sa conquête sont incontestablement un enjeu stratégique pour les velléités suprémacistes de deux puissances antagonistes depuis la campagne napoléonienne de 1799 qui a été perdue au profit de l'Angleterre. Si la désertion et l'exfiltration de Napoléon vers la France contribue à transformer ce pays et l'Europe à partir des butins de guerre de l'Esprit ravis par l'armée de savants à ses côtés, l'occupation de l'Égypte par l'Angleterre royaliste est un instrument de domination de la région et du monde par sa symbolique. Une domination qui s'étend sur le continent de l'Afrique du nord et de l'Est jusqu'en Uganda et en Afrique australe. De sorte que le modèle raciste qu'implémentent les Allemands qui investissent le Rwanda et le Burundi s'inspirent largement de la pensée britannique ancrée dans la région et qui décrit les populations de la région suivant sa vision. Celle qui présente comme Hamites originaires du Levant la partie de la population aux traits fins. Tandis que les Bantus, moins avenants suivant leurs critères esthétiques et morphologiques, sont classés comme des Kongoïdes. Et relégués au rang des serfs Hutu.


Par la suite, à la capitulation des Allemands, après la deuxième guerre mondiale et l'érection du Rwanda et du Burundi en protectorats des Nations unies sous administration belge, les Belges s'appuieront sur cette démarcation raciste et le système de l'Ubuhake pour exercer leur indirect ruling.



Jusqu'en 1959. Lorsque les Hutu, longtemps méprisés et marginalisés, par une révolution exemplaire chasseront la monarchie et son aristocratie Tutsi vers l'Uganda. C'est de ce territoire que cette dernière organisera, sous l'influence de l'establishment britannique, la reconquête du pouvoir et de son système des privilèges. D'abord par des attaques terroristes ponctuelles organisées par un commando du roi. Un commando auto-désigné Inyenzi. Les cafards. Puis par une attaque de grande envergure soutenue par l'Uganda et les USA en 1990 mais réprimée par les forces armées zaïroises et la France.


C'est en 1994 que Kagame entreprendra sa marche anti-napoléonienne ensanglantée de cents jours pour la reconquête de son pouvoir personnel et de celui de l'aristocratie Tutsi. Une aristocratie dont il fait partie comme neveu de la reine-mère des Tutsi. En prenant cependant soin d'écarter du jeu le roi lui-même. Aujourd'hui, les tensions au sein de ce groupe aristocratique, avec la rébellion en formation du RNC de Kayumba, proviennent selon toute vraisemblance de la révolte des royalistes à la solde du roi éconduit. Mécontents de l'issue ingrate de la contre-révolution meurtrière de 1994 qui a dévoré ses propres enfants Tutsi alors qu'elle devait restaurer la monarchie. Une contre-révolution menée avec le soutien des puissances monarchiques de ce monde tapies dans l'ombre en Belgique, en Angleterre, au Canada, chez leurs valets anglo-saxons aux USA et ailleurs dans le Commonwealth. Ainsi que dans le golf persique. Des puissances qui avaient juré la perte des républiques qui se sont affranchies de leur domination diabolique. 1789 est un souvenir impérissable pour elles.


On le voit, la motivation de la bande d'exaltés de Kigali et de leurs parrains occidentaux n'est ni une question ethnique, ni une question foncière, ni une question économique. La violence que connaît le KONGO depuis une trentaine d'année procède d'une guerre idéologique entre deux mondes. Celui de la liberté pour la majorité contre celui de la domination par une minorité. La domination est la seule motivation de l'aristocratie Tutsi. Ne pas le savoir, c'est s'exposer à des conséquences extrêmement fâcheuses. Penser, comme le suggère MUZITO, qu'une confédération où les aristocrates Tutsi se contenteraient de faire du commerce avec les richesses que la RDC offre gracieusement à l'humanité, serait de nature à contenter tout le monde, est une erreur grave. Tutsi, Hutu ne sont pas des ethnies comme la légende occidentale les a présentés. Ce sont deux groupes liés par un lien de servage où l'un ne vise que sa domination sur l'autre. Cet autre, c'est aussi le Muntu de la RDC qui a été associé au Hutu au Rwanda et au Burundi.



Bukoko Ikoki,

Citoyen ordinaire.








 
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